Soutenir le besoin de jouer de l’enfant

Pourquoi l’enfant a-t-il besoin de jouer ?

A sa naissance, l’enfant a tout un monde à découvrir. C’est à travers le jeu libre et répété qu’il va explorer, apprendre et se développer. Le jeu libre c’est le jeu initié par l’enfant lui-même. Au fur et à mesure qu’il répète ce jeu, il apprend de nouvelles informations qui viennent compléter ce qu’il avait déjà découvert la fois précédente. Le jeu est donc une activité essentielle pour le développement global et harmonieux de l’enfant.

Développement moteur et conceptuel

Pour jouer, l’enfant utilise son corps et au fur et à mesure, il découvre et développe ses capacités motrices. C’est le cas par exemple des tout-petits qui ne se savent pas encore se déplacer. Le petit a tellement envie de jouer avec l’objet qui se trouve un peu plus loin qu’il va élaborer des stratégies pour y arriver (tendre le bras, rouler jusqu’à l’objet, bouger le bassin pour tenter de ramper, …). Dans le jeu chez les enfants plus grands, on peut aussi observer l’acquisition de nouvelles capacités motrices pour répondre au besoin du jeu (ex : un enfant qui saute de la table au canapé pour franchir la rivière aux crocodiles).

Par le jeu, l’enfant découvre le principe d’essai-erreur et apprend petit à petit les lois naturelles. Prenons l’exemple d’un enfant qui joue avec une petite balle sur une table. A un moment du jeu, sans le vouloir, la balle roule, tombe de la table et se retrouve au sol. Il poursuit son jeu de balle sur la table et voilà que la balle tombe de nouveau. Il constate qu’il s’est passé la même chose. Curieux de cette découverte, il va expérimenter ce principe en faisant exprès de faire tomber la balle de différentes manières pour voir si le résultat sera toujours le même. A travers cette expérience de jeu, l’enfant découvre la loi de la gravité.

Aussi, le jeu stimule le langage et développe sa capacité à apprendre. Lorsque le parent nomme un jeu (le ballon, le cube bleu, …), l’enfant enrichi son vocabulaire. Ensuite, quand l’enfant sera en phase de jeu, il va alors se remémorer le nom de l’objet et tenter de le verbaliser (par des vocalises ou par un mot approximatif). Enfin, à force d’entendre régulièrement le nom de l’objet, l’enfant sera en mesure de le dire.

Développement affectif et émotionnel

Le jeu permet de comprendre le fonctionnement de la société et de découvrir sa propre personnalité. Grâce au jeu, l’enfant peut tester différents comportements. Il découvre ce qui est autorisé et ce qui est attendu de lui. Petit à petit, il apprend les normes de la société.

Au cours de la journée, l’enfant vit un tas de situations et certaines d’entre-elles le marquent. A travers le jeu, l’enfant rejoue les situations auxquelles il a été confronté. En rejouant une situation, il est acteur et non plus spectateur de ce qui se passe. Il maitrise la situation (ce dont il n’a pas toujours l’occasion dans la vie quotidienne), il s’exprime, il prend position, il affirme des choix, … sans craindre les conséquences car c’est un jeu. Ce type de jeu lui permet de renforcer sa compréhension de la société, de s’outiller pour les prochaines situations similaires et de réguler les émotions vécues.

Développement social et relationnel

Le jeu de l’enfant évolue (on en parle ici). Les enfants jouent d’abord seul puis en grandissant, il commence à jouer avec les autres enfants. Le jeu participe à la socialisation (y compris lorsque l’enfant joue seul car dans son imaginaire un partenaire peut être présent). Lorsque les enfants jouent ensemble, ils découvrent la compétition, la collaboration, la négociation, le respect des autres et apprennent à se situer par rapport aux autres.

Quel rôle le parent peut-il jouer ?

Nous l’aurons compris, pour l’enfant tout est prétexte pour jouer.
Le jeu peut se faire avec les jouets, les livres, les comptines mais aussi lors du bain, du repas, des trajets, des courses, … Il n’y a donc pas de moments prédéfinis pour répondre au besoin de jouer de son enfant. Nous pouvons imaginer un tas de petits jeux ludiques pour accompagner les routines du quotidien.

Le jeu enfant-parent renforce la complicité au sein de la famille et remplit le réservoir affectif de l’enfant et du parent (plus d’infos sur le réservoir affectif ici).

Souvent les parents se demandent s’ils doivent jouer avec leur enfant ou lui apprendre à jouer seul. Et bien, les enfants ont besoin des deux pour bien se développer.

Comment soutenir mon enfant dans son jeu ?

Doit-on suivre l’enfant dans son jeu ou doit-on diriger le jeu ?
L’enfant a besoin d’expérimenter les différentes facettes du jeu. Lorsqu’il joue avec son enfant, le parent peut adopter plusieurs attitudes et les alterner.

L’observateur et organisateur
Le parent observe le jeu de l’enfant pour repérer ses intérêts et identifier ce qui pourrait le soutenir dans son jeu. A partir de ses observations, le parent pourra donner à son enfant les moyens dont il a besoin pour organiser son jeu (ex : boîtes, ustensiles, tissus pour une cabane, matières à transvaser, mise à disposition d’une petite table, …).

L’animateur
Le parent dirige le jeu et impose des règles. Le parent peut choisir le jeu auquel ils vont jouer, les étapes du jeu ou encore la manière dont ils vont y jouer. Les jeux de société et les parcours moteurs dirigés illustrent bien ce principe du parent animateur.

Le joueur
Ici, le parent entre dans le jeu de son enfant et se laisse guider par l’imaginaire de son enfant. C’est le cas par exemple lorsque l’enfant joue à la maman et que le parent devient son enfant. C’est l’enfant qui est maître du jeu.

Le facilitateur
D’un côté le parent peut être facilitateur de jeu lorsqu’il accompagne son enfant dans une recherche de solution (exemple : l’enfant veut construire une tour mais n’y parvient pas alors le parent le guide). D’un autre côté, le parent est facilitateur aussi quand il encourage son enfant à jouer seul.

Et si mon enfant ne veut pas jouer seul ?

Les jeunes enfants sollicitent régulièrement leurs parents pour jouer avec eux.

L’enfant peut avoir différentes raisons de solliciter son parent. Parfois c’est parce qu’il souhaite d’un partenaire pour satisfaire les besoins du jeu auquel il est en train de jouer (ex: jeux de société ou jeu d’imitation). A d’autres moments, ça peut être simplement pour partager un moment privilégié avec son parent (ex: montrer à papa ce qu’il sait faire, rigoler avec maman, construire des souvenirs en famille).

Avec les rythmes de vie bien souvent (trop) soutenus, nous manquons de temps et donc nous ne sommes pas toujours disponibles pour jouer. Parfois l’enfant sollicite son parent juste le temps de se lancer dans un jeu. Une fois lancé, l’enfant n’a plus spécialement besoin de son parent. Et oui, partager un temps de jeu nous permet parfois de dégager ensuite plus de temps pour autre chose.

Et parfois l’enfant sollicite aussi son parent parce qu’il s’ennuie et ne sait pas à quoi jouer. Mais faut-il fuir à tout prix l’ennui ? On en parle ici.

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